Affaire Bouachrine: l'accusé crie au complot et dénonce une machination







Le quotidien arabophone, Akhbar Al Yaoum, a publié une partie de la déclaration de Taoufiq Bouachrine devant le Tribunal. Le directeur de publication se dit victime d’une machination et d’un complot. Voici sa version. 
Après plus de trois mois de procès, Taoufiq Bouachrine a pris la parole devant la Cour d’appel de Casablanca. D’emblée, il a décliné le fond de sa pensée en ce qui concerne son procès: «Je suis la première victime de ce procès. Les plaignantes sont manipulées dans le but de me discréditer et j’espère que mon équipe de défense sera clémente avec elles pendant les questions», rapporte le site du quotidien, Alyaoum24.
Qualifiant son procès de purement politique, il accuse le ministère public d’avoir cédé ses pouvoirs à d’autres parties, violant ainsi «toutes les garanties d’un procès équitable, dans un précédent en son genre».
Bouachrine a balayé d’un revers de main le contenu des vidéos qui l’incriminent, filmées selon lui avec un équipement qui aurait été introduit sciemment dans son bureau pour le piéger. «J’ai demandé à Mourad, qui s’occupe du matériel technique de la société, s’il avait déjà vu l’équipement dans mon bureau et il a affirmé devant les policiers que c’était la première fois qu’il voyait ces appareils. Mon bureau reste ouvert à la plupart des journalistes, ainsi qu’à la secrétaire, à la femme de ménage et aux invités, même en mon absence», affirme Bouachrine devant le juge.
Coup de tonnerre au tribunal
«J’ai des antécédents avec la justice et le pouvoir de ce pays», a lancé le directeur de publication d’Akhbar Al Yaoum à la Cour. Bouachrine faisait allusion à l’affaire de la caricature de 2008 quand il était jugé pour atteinte au drapeau national. «Suite à ce procès, le journal a été fermé, et j’ai écopé d’une année de prison avec sursis. La Cour de cassation a annulé ce verdict des années après», rappelle-t-il.
Ensuite, l’accusé rappelle au juge qu’il a été poursuivi pour fraude et escroquerie une année après la décision de la Cour de cassation. Selon lui, cette deuxième affaire a été fomentée contre lui à cause de la ligne éditoriale indépendante du journal, «non à cause de l’affaire en soi, qui ne concerne que la vente et l’achat d’une villa», assure Bouachrine.
La main du Qatar et l’Arabie Saoudite ?
Au fil de son récit des faits, Bouachrine s’est accroché mordicus au fait qu’un «plan» pour le faire tomber se manigançait plusieurs semaines avant son arrestation. «Le 23 février 2018, soit deux mois avant l’éclatement de cette affaire, j’ai reçu plusieurs indices et signes de la part de mes proches qui m’ont révélé que les autorités ne peuvent plus tolérer mes écrits et la ligne du journal Akhbar Al Yaoum», a-t-il précisé.
Il rappelle également un événement curieux qui lui est arrivé en décembre 2017. Alors qu’il se rendait au Qatar, Bouachrine se voit interdire l’accès à ce pays sous prétexte qu’il était sur «la liste noire des personnes interdites de séjour au Qatar». Il en déduit que la décision venait probablement du Maroc.
«Quand je suis rentré au Maroc, j’ai demandé à rencontrer le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita pour comprendre ce qui s’était passé», détaille l’accusé qui ajoute que la réponse est venue une semaine plus tard lors de son arrestation au bureau.
Le Tribunal n’était pas au bout de ses surprises quand Bouachrine a expliqué que la principale raison de son arrestation consiste en un éditorial contre l’actuel prince hériter de l’Arabie Saoudite, Mohamed Ben Salmane, et que l’ancien député socialiste Hassan Tariq lui avait envoyé une mise en garde. Ce dernier l’aurait informé de son arrestation quatre jours avant que la police débarque au siège du journal. «Je garde toujours ce message», conclut le directeur de publication du journal.
Décidément, ce procès n’a pas encore livré tous ses secrets. Affaire à suivre.

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