Hirak: HRW appelle à réexaminer la condamnation d'El Mortada Iamrachen







Les autorités marocaines devraient “réexaminer en toute urgence” la condamnation d’une figure du mouvement de contestation dit du “Hirak”, dont la condamnation à cinq ans de prison s’est appuyée sur des aveux “apparemment forcés”, a estimé mardi l’ONG Human Rights Watch (HRW).
El Mortada Iamrachen, un militant âgé de 31 ans devenu une figure du mouvement de contestation qui a agité l’an dernier la région du Rif (nord), a été condamné fin 2017 à cinq ans de prison pour “apologie du terrorisme” et “incitation au terrorisme”. Il doit être jugé en appel à partir de ce mercredi.
HRW rappelle qu’il est notamment reproché à ce militant un commentaire sur Facebook concernant l’attentat qui a coûté la vie à l’ambassadeur russe en Turquie, en décembre 2016. A cela s’ajoute une autre publication dans laquelle il racontait s’être moqué d’un journaliste suspicieux en lui rétorquant avoir reçu l’ordre du “chef d’Al-Qaïda (…) d’importer des armes dans le Rif”. Ses avocats et des médias marocains ont souligné à maintes reprises que les écrits incriminés étaient sarcastiques.
Arrêté puis interrogé par le Bureau central d’investigations judiciaires (BCIJ), police marocaine en charge des affaires de terrorisme, M. Iamrachen a “surtout été questionné sur l’organisation du Hirak et ses détails opérationnels”, note HRW, en citant ses avocats.
Les policiers lui ont ensuite présenté un procès-verbal d’interrogatoire à signer “dans lequel il +avouait+ que son intention, en publiant certains éléments sur Facebook, était de faire l’éloge d’actes terroristes et d’inciter d’autres personnes à en commettre”, avance l’ONG.
Devant le juge du tribunal antiterroriste de Salé, le militant a ensuite déclaré avoir été “forcé de signer le PV préparé par les policiers”, sous la menace “de publier des photos privées de sa femme”, selon HRW, qui cite toujours un de ses avocats.
Une requête pour que ce PV soit jugé irrecevable a été rejetée par le tribunal de première instance.
Le même tribunal “n’a pas enquêté sur ses allégations d’aveux forcés, et s’est basé uniquement sur ces aveux” pour prononcer la condamnation à cinq années de prison, a commenté Sarah Leah Whitson, directrice Moyen-Orient et Afrique du Nord de l’ONG new-yorkaise.
Ancien salafiste repenti, El Mortada Iamrachen incarnait l’aile modérée du Hirak, avec un discours pacifiste, moins intransigeant que d’autres figures du mouvement.
Le Hirak a agité la région du Rif pendant plusieurs mois pour réclamer son désenclavement. Les autorités ont arrêté plus de 400 personnes, et des dizaines de peine de prison ont été prononcées.
Le leader de la contestation, Nasser Zefzafi, et 53 co-accusés sont jugés depuis plusieurs semaines à Casablanca. Les prévenus sont poursuivis pour différents motifs, comme celui “d’atteinte à la sécurité de l’Etat” qui vise les meneurs.
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