L’Assemblée nationale a approuvé mardi la suppression, pour la rentrée 2020, du “numerus clausus” et du concours couperet limitant le nombre d’étudiants admis en deuxième année de médecine, l’une des mesures phares du projet de loi Santé.
Cette suppression, votée en première lecture par 74 voix contre 4 et 11 abstentions, doit permettre d'”augmenter de 20% à peu près le nombre de médecins formés” tout en diversifiant leurs profils, selon la ministre de la Santé Agnès Buzyn. Critères de sélection et passerelles entre cursus seront précisés par décret. En 2018 par exemple, le quota avait été fixé à 8.205 places. Après avoir fortement baissé jusque dans les années 1990 en médecine, le numerus clausus a été très nettement relevé depuis le début des années 2000 face au manque de professionnels.
Ce couperet entraîne un “gâchis” et “conduit à l’échec d’excellents lycéens”, selon la ministre de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal. Les effectifs d’étudiants en deuxième ou troisième années de médecine, mais aussi en dentaire, pharmacie et maïeutique (sage-femme), seront déterminés à l’avenir par les universités, en lien avec les agences régionales de santé, selon les capacités et les besoins du territoire.
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Si la fin du numerus clausus a globalement fait consensus dans l’hémicycle, les oppositions ont souligné le caractère “flou” de sa mise en oeuvre, à l’instar de Jean-Pierre Door (LR) et Caroline Fiat (LFI) qui se sont aussi interrogés sur la manière dont s’effectuerait la sélection des étudiants. Pour Thierry Benoit (UDI-Agir), “faire sauter le verrou du numerus clausus est une bonne décision” mais désormais “il ne faut plus accepter” que les médecins “s’installent où ils veulent”, afin de limiter la désertification médicale.
A gauche, Guillaume Garot (PS) a aussi défendu le principe d’une “meilleure régulation de l’installation des médecins” alors que Pierre Dharréville (PCF) a regretté “l’impasse sur les inégalités territoriales”, dans l’article adopté. Certes, la suppression du “numerus clausus” ne répondra que “dans un moyen ou un long terme à la désertification médicale” et “non pas dans les dix ans qui viennent”, mais cela reste “une mesure de bon sens”, a répondu Mme Buzyn.
Et concernant les critères de sélection, il existe actuellement “une forme d’incertitude” parce que des discussions sont en cours “avec les doyens (d’université) et les syndicats d’étudiants”, a ajouté la ministre. Le gouvernement a par ailleurs fait porter de trois à six ans la durée de l’expérimentation visant à organiser des formations en commun entre les étudiants des différentes disciplines (médecine, dentaire, pharmacie…). Cette expérimentation avait été introduite en commission par la co-rapporteure Stéphanie Rist (LREM). Objectif: favoriser à l’avenir la coopération interprofessionnelle.
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