Les services de sécurité français vont adapter leur dispositif pour ne plus essuyer sans réagir les assauts de «gilets jaunes».
Alors qu’un climat aux relents préinsurrectionnels s’est emparé de la France et que les plus radicaux nourrissent l’espoir de déclencher la guerre civile, policiers et gendarmes s’apprêtent à affronter la pire des bouffées de violence.
Selon de nombreuses sources jointes par Le Figaro, la volonté affichée au sein des services de sécurité est de ne plus essuyer sans réagir les assauts des «gilets jaunes», comme la semaine dernière, où les images de forces de l’ordre débordées ont fait le tour du monde. «Place de l’Étoile, nous avons contenu les violences et subi des agressions en cascade. Face à des gens qui s’équipent pour venir au combat, on va maintenant répondre et on va l’assumer, lâche sous couvert d’anonymat un gradé expérimenté qui n’exclut pas «d’avoir cette fois la permission de charger et de faire usage de la force».
«Nous n’avons pas l’intention de revivre l’enfer de la semaine dernière», gronde un policier faisant partie d’une formation d’une centaine d’agents de la Brigade anticriminalité lancés à la pointe des émeutes. «Dans le secteur des grands magasins comme aux abords du faubourg Saint-Honoré, nous avons reçu une pluie de boulons et de coups de barres de fer: on a failli être massacrés par des gens, notamment des jeunes de province, mais aussi des femmes, devenus fous furieux. C’est en restant soudés les uns aux autres que l’on a évité une tragédie.» «Si les autorités ne révisent pas le dispositif, renchérit un brigadier, cela va être pire ce samedi et des collègues n’hésiteront pas à utiliser leur arme de service pour sauver leur peau.»
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Place Beauvau, où l’on sait les effectifs à fleur de peau, tout sera fait pour éviter que le sang soit versé. Et qu’un «martyr» dans les rangs des «gilets jaunes» exacerbe la fureur de la rue. «La semaine dernière, nous avons frôlé la tragédie quand des fonctionnaires ont été contraints de dégainer leur arme pour couvrir leur retraite après que des fumigènes ont été lancés dans des cars, confie une source gouvernementale. Ils ont fait preuve de sang-froid face à des “gilets jaunes” à la conduite irrationnelle, dont la désorganisation nous oblige à naviguer à vue…»
Jeudi après-midi, les techniciens de la préfecture de police de Paris travaillaient à une nouvelle version du dispositif qui sera soumis, comme la semaine dernière, à la validation de Matignon et de la Place Beauvau. Il a été demandé aux riverains des Champs-Élysées de ranger les voitures et aux commerçants de prendre leurs précautions.
«Cataplasme bleu»
Faute de savoir où les «gilets jaunes» pourraient passer à l’action, la stratégie est de puiser un maximum dans les réserves pour couvrir la capitale d’un «cataplasme bleu», de quadriller les principales places et axes de circulation, de muscler la présence dans les gares par où pourraient affluer une partie des émeutiers potentiels. Les unités mobiles, dont le déploiement statique a été au cœur des critiques, devraient quant à elles être employées de manière plus «dynamique» et plus «modulaire» pour aller au contact, «casser» les groupes les plus violents et interpeller les émeutiers. Jeudi soir, le premier ministre a indiqué que quelque 89.000 forces de police et de gendarmerie seront déployées sur le territoire, dont 8000 à Paris, contre 4600 samedi dernier. Les escadrons de gendarmes mobiles, aguerris au maintien de l’ordre, abritent en leur sein des pelotons d’intervention lourdement équipés et capables d’évoluer sous le feu pour, précise un cadre, «neutraliser la menace».
Pour protéger les forces de sécurité mais aussi dégager des barricades enflammées, «une douzaine» des quelque 80 véhicules blindés à roues de la gendarmerie (VBRG) sera utilisée, a précisé le premier ministre jeudi. Côté police, la direction générale inventoriait jeudi ses 60 compagnies républicaines de sécurité (CRS) ainsi que les demandes des préfectures pour les soumettre à l’arbitrage de la Place Beauvau. «Le problème est que tout le monde en veut, mais les forces ne sont pas extensibles», déplorait-on au sein du ministère.
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Pour le reste, toutes les hypothèses ont été évoquées. Les plus baroques, comme celle d’appeler à la rescousse le GIGN ou le RAID, n’ont été pas confirmées de sources officielles. «Ces unités restent en réserve, comme chaque jour de l’année, pour agir en cas de prises d’otages ou d’actes de préterrorisme», lâche un officier. L’appel à l’armée n’a pas été écarté.
Une chose est sûre: l’exécutif, qui peinera à se remettre d’un second revers, n’a pas d’autre choix que d’endiguer la colère de la rue. Face aux casseurs, Édouard Philippe a insisté sur «les moyens exceptionnels» mobilisés. «Nous continuerons à interpeller et traduire en justice toute personne prise en flagrant délit de violences ou de dégradations, nous continuerons à faire preuve de la plus grande fermeté», a-t-il dit devant le Sénat. Samedi dernier, 412 personnes avaient été interpellées à Paris. Ce chiffre pourrait être dépassé si les «milliers de casseurs» annoncés par l’Élysée étaient bel et bien au rendez-vous.
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