Les rebelles et le pouvoir au Yémen se sont dits favorables lundi aux efforts de paix de l’ONU, ouvrant la voie à de nouvelles négociations pour un règlement politique du conflit qui ravage le pays depuis plus de trois ans.
La ville de Hodeida, qui illustre à elle seule la complexité de ce conflit, a fait l’objet d’un projet de résolution introduit par la Grande-Bretagne au Conseil de sécurité de l’ONU demandant une trêve et le passage, sans obstacles, de l’aide humanitaire. Aucune date n’a été fixée pour le vote de ce texte, présenté après un rapport de l’émissaire de l’ONU Martin Griffiths qui a proposé la tenue de pourparlers à Stockholm et est attendu cette semaine dans la capitale yéménite Sanaa.
Griffiths a dit à la télévision Sky news qu’il tablait sur un démarrage des négociations “dans quelques semaines”. Et le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a indiqué qu’elles pourraient avoir lieu “début décembre”. Le gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi, soutenu par l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, a déclaré qu’il enverrait une délégation à Stockholm. Avant lui, le chef rebelle Mohammed Ali al-Houthi a exhorté ses partisans à mettre fin “aux tirs de missiles et drones” et proposé “de cesser toutes les opérations militaires sur tous les fronts”, pour montrer les “bonnes intentions” des rebelles. Dans un tweet, Griffiths a salué l’annonce rebelle et espéré que toutes les parties poursuivent leurs efforts de retenue “pour créer un environnement propice à la tenue” de consultations.
Risques de “chaos” et de “famine”
En 2015, l’Arabie saoudite sunnite, voisine du Yémen, a pris la tête d’une coalition militaire pour aider le gouvernement Hadi à stopper une offensive des rebelles Houthis, soutenus par l’Iran chiite, puissance régionale rivale du royaume saoudien. Ce pays pauvre, en proie à la pire crise humanitaire au monde selon l’ONU, est quasiment divisé en deux, les forces progouvernementales contrôlant le sud et une bonne partie du centre et les rebelles Sanaa ainsi que le nord et une bonne partie de l’ouest. Les Houthis opposent une résistance farouche à la coalition et multiplient les tirs de missiles contre l’Arabie saoudite. Plusieurs séries de négociations ont échoué ces dernières années.
Vendredi à l’ONU, Griffiths a affirmé que le pouvoir et les rebelles avaient montré un “engagement renouvelé” à travailler à une solution politique et présenté des “garanties solides” selon lesquelles ils participeraient aux pourparlers. Selon lui, la coalition militaire a accepté des “arrangements logistiques” afin d’ouvrir la voie à des discussions, y compris sur des évacuations médicales de Sanaa, et un accord sur un échange de prisonniers est près d’être conclu.
A Sky News, il a mis en garde contre un échec de ce processus évoquant les risques d’une famine et ceux d’un “chaos” et d’une résurgence du “terrorisme”. Pour Le Drian, “cette guerre ne peut (…) se régler que par le compromis politique”. Il a évoqué une “Arabie saoudite un peu affaiblie” et des “Houthis sous pression de l’Iran qui n’a pas intérêt à s’engager davantage dans ce conflit”.
Préserver le sang
Le roi Salmane d’Arabie saoudite a aussi confirmé “l’appui” de son pays “à une solution politique”, en affirmant que son pays était intervenu au Yémen par “devoir, celui de soutenir le peuple yéménite face aux milices appuyées par l’Iran”. La guerre au Yémen a fait quelque 10.000 morts, selon l’ONU qui fait état de 14 millions de personnes en situation de pré-famine.
Sur le terrain, un calme relatif règne à Hodeida, selon un correspondant de l’AFP, depuis la pause décidée le 14 novembre par les forces loyalistes qui menaient depuis juin une offensive qui s’est intensifiée début novembre pour reprendre aux Houthis cette ville clé. La cité, sur la mer Rouge, est le point d’entrée de plus des trois-quarts des importations et de l’aide humanitaire internationale au Yémen.
Le colonel saoudien Turki al-Maliki, porte-parole de la coalition, a toutefois fait état d’opérations de la coalition pour empêcher les rebelles d’acheminer des renforts dans la ville. A Sanaa, la perspective d’une fin du conflit est considérée comme le résultat de la “résistance face à l’agression”, selon l’expression du “ministre de l’Information” des insurgés Daïfallah Chami. Mohammed al-Jouri, un habitant de Sanaa, a lui appelé la coalition à “saisir une occasion de préserver le sang” des Yéménites.
L’article Au Yémen, rebelles et pouvoir soutiennent les efforts de paix de l'ONU
Comments 0