L’élection présidentielle de dimanche au Cameroun, où Paul Biya, favori de 85 ans, est candidat à un 7e mandat, regroupe face à lui huit opposants dont trois, Joshua Osih, Maurice Kamto et Akere Muna, se détachent.
Depuis le début des années 1990, l’opposition à Paul Biya était représentée par John Fru Ndi, son opposant de toujours du parti Social democratic front (SDF, anglophone), qui, à 77 ans, a choisi de se retirer pour “laisser la place aux cadets”.
C’est donc un homme d’affaires de 49 ans, Joshua Osih, qui a été désigné candidat du SDF, principal parti d’opposition. Ce métis anglophone originaire de la région du Sud-Ouest est né d’un père camerounais et d’une mère suisse.
Bastions historiques du SDF, les régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest sont en proie à une violente crise depuis presque deux ans. Les combats entre séparatistes et soldats y sont devenus quasi quotidiens et la tension grimpe à l’approche de la présidentielle.
“J’ai perdu des proches dans cette crise”, déclare M. Osih, accusant le président Biya d’être le seul responsable du “chaos” dans ces régions.
Depuis le début de la campagne il a cependant du mal à drainer les foules comme son mentor, John Fru Ndi, le faisait, le poing levé, dans les années 1990.
Autre candidat de poids: Maurice Kamto, 64 ans président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), qui peut compter sur une forte assise territoriale.
Cet ancien ministre délégué à la Justice de 2004 à 2011, avocat au barreau de Paris, a négocié avec succès pour son pays le contentieux territorial avec le Nigeria sur la presqu’île de Bakassi.
Durant la campagne officielle, il aura fait pas moins de douze meetings dans tout le pays, et a sillonné tout le Cameroun depuis le lancement de son parti, en 2012.
Ses partisans estiment que son expérience au sein de l’appareil d’Etat est un atout quand ses détracteurs n’hésitent pas à critiquer son soutien passé à Paul Biya.
L’ancien bâtonnier du Cameroun et fondateur de la branche camerounaise de l’ONG de lutte contre la corruption Transparency International, Akere Muna, fait aussi figure de candidat crédible.
A 66 ans, ce célèbre avocat a une forte légitimité à l’étranger, où il connait de nombreux chefs d’Etat africains en fonction et passés. Mais il a une assise territoriale moindre au Cameroun.
Fondateur d’un mouvement politique, Now!, Muna a été investi par un petit parti d’opposition pour cette élection, le Front populaire pour le Développement (FPD).
Derrière, viennent cinq autres candidats moins importants, selon les observateurs:
– Cabral Libii, 38 ans, analyste politique connu pour ses interventions sur les plateaux télévisés, utilise son aisance médiatique et pourrait séduire de nombreux jeunes Camerounais.
– Garga Haman Adji, de l’Alliance pour la démocratie et le développement (ADD) et arrivé 3e lors de la dernière présidentielle de 2011, est encore sur la ligne de départ en 2018. A 74 ans, ce natif de Maroua (nord) connaît les arcanes du pouvoir: comme Kamto, il a été ministre (de la Fonction publique, entre 1990 et 1992). Ancien directeur de campagne de Fru Ndi en 1992, il s’est présenté en 2004 puis en 2011; il finira troisième de ces deux scrutins.
– Serge Espoir Matomba, 38 ans, co-benjamin avec Libii de cette élection, candidat du Peuple uni pour la rénovation sociale (Purs).
– Frankline Ndifor Afanwi, pasteur pentecôtiste peu connu qui a lancé son parti, le Mouvement citoyen national camerounais (MCNC), en mai.
– Adamou Dam Njoya, 76 ans, ancien vice-ministre puis ministre sous Amadou Ahidjo, se présente à une présidentielle pour la quatrième fois consécutive.
L’article Présidentielle au Cameroun: huit candidats face à Paul Biya
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