Traite des êtres humains: l'Espagne doit faire plus d'efforts (Conseil de l'Europe)







Un groupe d’experts du Conseil de l’Europe demande aux autorités espagnoles de “déployer davantage d’efforts” contre la traite des êtres humains, notamment en matière d’identification des victimes, dans un rapport d’évaluation publié mercredi à Strasbourg.

L’Espagne a adopté une série de mesures ces dernières années, en élargissant notamment la législation pénale, pour inclure des formes supplémentaires d’exploitation, comme les mariages forcés et la participation à des activités criminelles.

Le Greta – groupe d’experts qui suit la mise en oeuvre de la Convention du Conseil sur la lutte contre la traite des êtres humains – en prend acte, mais il déplore “des lacunes” dans l’identification des victimes parmi les demandeurs d’asile et les migrants en situation irrégulière.

Sont notamment citées les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilia au Maroc, seules frontières terrestres entre l’Afrique et l’Europe, où les conditions de rétention des migrants exposent notamment les enfants “à un risque accru de traite et d’abus”, selon le rapport.

Dans les centres d’accueil temporaires de ces deux villes, “le personnel ne serait pas suffisamment formé et n’aurait pas les moyens” de procéder à l’identification des victimes ainsi que “d’organiser un transfert vers un centre d’accueil sûr”, regrettent les experts.

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Les autorités espagnoles devraient donc “renforcer la capacité des autorités compétentes (forces de sécurité, interprètes, avocats, ONG…) à repérer les signes de traite des êtres humains”, estime le Greta.

Les experts demandent également à l’Espagne de prévoir “un délai suffisant pour réunir les informations nécessaires et en tenant compte du traumatisme vécu par ces personnes”.

“À leur arrivée, les migrants peuvent rester en garde à vue pendant 72 heures au maximum avant d’être éloignés du territoire espagnol directement à partir du poste de police, sans l’intervention d’aucune autorité judiciaire”, relate le rapport.

Selon les autorités espagnoles, au cours de la période 2013-2016, les principaux pays d’origine des personnes identifiées comme des victimes de la traite étaient la Roumanie (306 victimes), le Nigeria (104), la Chine (100), le Paraguay (58) et la Bulgarie (42).

Mais “ces chiffres ne reflètent pas la véritable ampleur de la traite des êtres humains en Espagne”, affirment les experts qui précisent que “la traite aux fins de l’exploitation par le travail est probablement sous-estimée”.

La Convention du Conseil de l’Europe sur la lutte contre la traite des êtres humains est entrée en vigueur en 2008 et déjà applicable dans 46 pays d’Europe.
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