Alors que l’ancien chef du gouvernement Silvio Berlusconi, accusé de subornation de témoins dans l’affaire Ruby, voit son procès reprendre lundi, la jeune femme au cœur du «Rubygate» a changé de vie, mais suscite toujours l’intérêt de la justice.
Son nom est irrémédiablement associé aux déboires judiciaires de Silvio Berlusconi. Ruby Rubacuori (autrement dit, «la voleuse de cœurs»), de son vrai nom Karima el-Mahroug, était l’un des personnages principaux du «Rubygate», ce scandale qui a ébranlé l’Italie à partir de 2010. La jeune femme, aujourd’hui âgée de 25 ans, mais alors mineure, aurait été payée en échange de relations sexuelles lors de soirées dites «bunga bunga», organisées par Berlusconi dans sa villa près de Milan, entre février et mai 2010.
Alors que l’ancien chef du gouvernement, accusé d’avoir aussi payé Ruby et d’autres dames citées dans le Rubygate pour que leurs témoignages lui soient favorables, voit son procès pour subornation de témoins reprendre lundi, la jeune femme au parcours peu commun a changé de vie, mais intéresse toujours la justice italienne.
Née au Maroc, Karima el-Mahroug a émigré petite avec sa mère et ses trois frères à Letojanni, petite ville de la région de Messine en Sicile. Fille d’un vendeur ambulant et d’une femme de ménage, elle dit avoir été violée par deux de ses oncles à 9 ans. Elle s’enfuit de son village à 12 ou 14 ans, selon ses différentes déclarations. Elle quitte définitivement la Sicile à 17, et se présente à Lele Mora, figure du monde de la nuit, qui lui trouve un poste d’hôtesse dans plusieurs établissements de Milan.
C’est fin 2009 que sa route croise celle de Silvio Berlusconi, 73 ans, alors président du Conseil italien. Alors qu’elle écume les boîtes de nuit milanaises, elle est repérée par Nicole Minetti, elle-même propulsée conseillère régionale par Silvio Berlusconi après leur rencontre dans un cabinet médical où Minetti officiait. La jeune Ruby reçoit alors, selon la justice, plusieurs milliers d’euros pour participer aux soirées orgiaques de la villa San Martino, à Arcore. Revenant plusieurs fois sur ses déclarations et niant avoir eu des relations tarifées avec Berlusconi, Ruby prétend que les largesses de l’homme d’affaires n’étaient dues qu’à sa volonté de l’aider à sortir de ses difficultés financières. Elle avait ainsi déclaré au quotidien La Repubblica: «C’était la première fois qu’un homme n’essayait pas de me mettre dans son lit. Il se comportait comme un père, je le jure.»
Une nouvelle vie à Gênes
L’affaire éclate au grand jour en 2010, alors que Berlusconi est président du Conseil. Ruby est arrêtée après avoir volé 3000 euros et des bijoux à sa colocataire, une prostituée brésilienne. Berlusconi harcèle le chef de la police italienne, craignant que la jeune fille, alors âgée de 17 ans, ne se répande sur ses réceptions privées. Il fait alors pression pour obtenir la libération de Ruby, prétendant qu’elle est la «nièce du président égyptien Hosni Moubarak». Berlusconi est condamné en 2013 pour prostitution de mineurs, mais acquitté en 2014. La Cour conclut qu’il ne savait pas que Ruby était mineure au moment des faits. La Cour de cassation le blanchit définitivement en mars 2015.
Au beau milieu du scandale, la jeune femme donne naissance à une petite fille en 2011, alors qu’elle vient de fêter ses dix-huit ans. Six ans plus tard, l’édition espagnole de Vanity Fair , l’a rencontrée. Le magazine dépeint une jeune femme à l’apparence discrète, ne portant pas de maquillage ce jour d’avril 2017, loin des tenues sexy qui ont défilé sur la toile au moment du scandale.
Ruby, 25 ans aujourd’hui et désormais installée à Gênes, voit son nom cité dans une nouvelle affaire. Vanity Fair rapporte ainsi que «la justice italienne enquête depuis des mois sur l’origine supposée du patrimoine immobilier que Ruby aurait au Mexique». Selon La Repubblica, elle aurait investi dès 2013, avec son compagnon d’alors Luca Risso, un directeur de boîte de nuit, deux millions d’euros à Dubaï dans l’immobilier, et acquis plusieurs propriétés, ainsi qu’un restaurant au Mexique. «Le restaurant Casa Sofia est la propriété de mon ex-compagnon et père de ma file, Luca Risso. C’est lui qui vit au Mexique, je n’ai rien à voir là-dedans. Si j’avais des business au Mexique ou à Dubaï, je ne serais pas en Italie», déclare-t-elle au magazine. La justice italienne a sollicité la coopération de leurs homologues mexicains, pour déterminer l’origine de ces fonds.
L’article Italie: qu'est devenue “Ruby”, l'escort-girl présumée de Berlusconi?
Comments 0